A l’heure où se déroulent les épreuves orales du concours d’administrateur territorial 2012, la promotion Paul Eluard a souhaité recueillir les impressions de Valérie Chatel, qui présidait le jury il y a un an à peine. Quels souvenirs garde-t-elle de cette expérience particulière et quel message souhaite-t-elle adresser à la promotion qu’elle a participé à construire ?
Un an après, alors que les épreuves orales du concours 2012 sont en train de se dérouler, je me remémore avec plaisir cette expérience de présidente de jury du concours d’administrateur territorial. Ce fut pour moi une expérience très agréable mais également très dense et relativement fatigante. Les fonctions de président et de membre de jury de concours supposent en effet un effort continu de concentration et d’ouverture. Au cours des trois semaines d’épreuves, nous avons eu l’occasion d’échanger avec près de 130 candidats.
J’en garde cependant un très bon souvenir et serais prête à renouveler l’expérience un jour si l’opportunité m’en était donnée.
Un an après, je garde encore en mémoire certains échanges marquants et conserve un souvenir de chaque candidat, admis ou non. Durant les épreuves, les membres du jury sont bien entendu amenés à prendre des notes pour garder une trace des prestations des candidats. Pour ma part, j’ai conservé toutes les notes que j’ai prises durant ces trois semaines.
Les échanges ayant eu lieu durant l’épreuve de conversation avec le jury ont également été l’occasion pour moi de découvrir les motivations et les projets des candidats et d’en apprécier la diversité. Des raisons parfois étonnantes ont amené les candidats à s’inscrire dans la démarche du concours d’administrateur territorial, notamment pour ceux qui présentaient le troisième concours : certains parce qu’ils se retrouvaient sans travail ou d’autres parce qu’ils souhaitaient démarrer une seconde carrière après plusieurs années passées dans le secteur privé.
Le concours d’administrateur territorial, à la différence peut-être des concours de l’ENA et de la magistrature, attire des candidats aux parcours et aux horizons très divers qui partagent cependant une « vision territoriale » et ont envie de s’investir dans les projets des territoires. Selon moi, la sélection des futurs administrateurs territoriaux est aussi la rencontre entre les projets des candidats et les projets collectifs des territoires.
Si les échanges avec les candidats ont été marquants, les échanges avec les membres du jury ont également été très enrichissants. Nous avons réalisé un véritable travail d’équipe avec les membres des trois jurys (concours interne, externe, 3ème concours), chaque collège ayant sa manière propre d’appréhender les choses. En caricaturant un peu, je dirais que les « territoriaux » adoptaient une vision assez opérationnelle, recherchant chez les candidats un sens de la décision et du management, tandis que les « enseignants » démontraient une aptitude forte à construire leur évaluation et argumenter leur notation. Les « élus » quant à eux avaient une posture plus intuitive, cherchant à savoir s’ils seraient prêts à travailler avec le candidat. C’est le mélange de ces trois visions qui nous a permis d’arriver à un bon équilibre dans la sélection des candidats qui forment aujourd’hui la promotion Paul Eluard.
Un an après, les élèves administrateurs de la promotion Paul Eluard sont actuellement en recherche de stage de professionnalisation, voire pour certains déjà en recherche de poste. Je souhaite leur dire que je n’ai pas d’inquiétude pour eux en ce domaine. Les lauréats du concours parviennent à trouver des postes et en général des postes plutôt élevés. Aujourd’hui, il est fréquent de voir des élèves administrateurs trouver un poste de Directeur général adjoint à la sortie de l’INET, ce qui n’était pas forcément le cas à mon époque. De nombreux départs en retraite s’annoncent, notamment dans l’encadrement de haut niveau, ce qui permettra aux lauréats du concours d’arriver sur des postes intéressants rapidement.
Ce qu’attendent les collectivités aujourd’hui, c’est justement de préparer la relève par rapport à ces départs en retraite qui s’annoncent. Un important rajeunissement du management va avoir lieu dans les années à venir avec de fortes attentes. Les administrateurs territoriaux vont avoir un rôle majeur à jouer dans le cadre de la future réforme territoriale dont ils devront assurer la mise en œuvre, aux côtés des élus et de leurs équipes. Dans ce contexte, on attend d’eux qu’ils réfléchissent à des méthodes de travail nouvelles et innovantes. Des méthodes qui devront permettre aux collectivités territoriales, tous échelons administratifs confondus, de former un réseau commun en s’appuyant sur une vision territoriale qui transcende les différents niveaux de collectivité.
* la photo d’illustration représente la Tour de l’horloge de la Gare de Lyon, lieu où se déroulent les épreuves orales du concours d’administrateur territorial